Noix

NUTS

My grandmother left me four walnuts as my inheritance.

Before going blind, she used to turn two nuts in each hand to slow down the deterioration of her eyesight, following the same principle of Bao-Ding (Chinese balls).

These nuts having been manipulated every day for years, had become almost smooth, bearing now only a suggestion of their ribs.

So, I designed a series of horizontal triptychs, whose size matched an arm span (65 cm x 3), for both visual and tactile reading at the same time. On the same surface (what I call fields), I put in dialogue through raised letters and stripped zones as a palimpsest.

NOIX 

Ma grand-mère m’a laissé, comme héritage, quatre noix.

Avant de devenir aveugle, elle en faisait tourner deux dans chaque main pour ralentir la dégradation de sa vue, selon le principe Bao-Ding (des boules chinoises).

Ces noix, à force d’être manipulées tous les jours pendant des années, sont devenues presque lisses, en gardant seulement la suggestion de leurs nervures.

Aussi, j’ai conçu une série de triptyques horizontaux, dont la taille correspond à l’envergure des bras (65 cm x 3), destinés à une lecture visuelle et tactile à la fois. Sur une même surface (ce que j’appelle des champs), je mets en dialogue des lettres en relief et des zones décapées comme un palimpseste.

 

NUCI

Bunica mea mi-a lăsat, moştenire, patru nuci. 

Înainte de a deveni oarbă, le rotea, mereu, câte două în fiecare mână, cu scopul de a-şi ameliora vederea, potrivit principiului Bao-Ding (bilele chinezeşti).

Aceste nuci, datoritâ unei manipulâri cotidiene de-a lungul anilor, s-au polisat, pâstrînd doar sugestia nervurilor.

Asfel, am conceput o serie de tripticuri orizontale, cu o talie care corespunde anvergurii braţelor (65 cm x 3), destinate unei lecturi vizuale şi tactile în acelaşi timp. Pe aceiaşi suprafaţă (suprafaţa pe care o numesc câmp), pun în dialog litere în relief cu zone decapate, ca într-un palimpsest.


NOIX

Catalin Guguianu has this persistent fascination about the fingerprints and the memories. It is on the basis of his personal history that Noix series hits reality by simultaneously paying homage to amember of his family and participating in a new sensory reading of the work.

His curiosity and eager gaze enable him to establish surprising links between his art and his experience.

« My grandmother left me as a legacy four walnuts. Before becoming blind, she twirled two in each hand to slow the deterioration of her sight, based on the principle of Chinese Baoding balls. These nuts, as a resultof being manipulated every day for years, became almost smooth, keeping only a suggestion of their ridges. »

The artist resonates these little things, these trivial and ordinary gestures of his grandmother by reincarnating them with aesthetics.

To evoke the texture of the memorial fruit he reconstitutes a support simultaneously rough and smooth; a field where the depth widens between grated and soft surfaces, like an etched palimpsest. Because the letterand the sign are always present in the work of Catalin Guguianu. The capital letter « P » first letter of    « Pîrleazu«  which literally means « stile » in Romanian stands alongside the breeding brand marks of fightingbulls. The coexistence of these referent fingerprints echoes the formal vocabulary of the artist ; an aestheticdiscourse repeated and recurring in his other series and installations.

The narrative and identifiable traces are put into tension facing the issue of the loss of reference points,reinforced by the dominant abstract of the series.

The support plane is envisaged in horizontal triptych on cardboard grape format. Gouache, felt tip and stickers interacted with the letters inserted in relief. In this confrontation of materials, fragments of evidence,shades and shadows, the work transcribes its raw character suggested at the most named.

Under the overlay of blocks, and reference strokes, the creation device remains visible. The index of each composite element is discovered by a pluralistic sensory perception; simultaneously a visual and tactile reading.

The artist returns to the idea of ​​participation in which the viewer makes the work real for the eye and the finger. A detail, a gradient relief … All these differences invisible at first glance generate a completely different focus by touch.

« It is meant for people suffering from blindness like my grandmother, that on the surface can instantly facilitate their reading « 

The field of possibility opens. The sculptured composition allows all to try, to see differently. A simple finegesture, a caress of the hand diverts the ordering of reality and encourages reconsideration. This plunge intothe heart of the matter brings up emotions and memories.

Catalin Guguianu explores here the potential of the material as a means of expression and receiving. In the maze of the memory, collecting forgotten gestures, awaking killed memories, he poetically traces thecorrespondence between the nutshell and the palpable surfaces of the work. With this way of sublimating the complexity of affects, the attention of the gaze, of the mind and body are being challenged to participate in this useful visibility of the work.

Canoline Critiks.

NOIX

Catalin Guguianu a cette fascination persistante pour l’empreinte et la mémoire. C’est à partir de son histoire personnelle que la série Noix cogne le réel en rendant à la fois hommage à un membre de sa famille et en participant à une nouvelle lecture sensoriellede l’œuvre.

Sa curiosité et son regard avides lui permettent d’établir des liens surprenants entre son art et son vécu.

« Ma grand-mère m’a laissé comme héritage quatre noix. Avant de devenir aveugle, elle en faisait tourner deux dans chaque main afin de ralentir la dégradation de sa vue, selon le principe Baoding des boules chinoises. Ces noix, à force d’être manipulées chaque jour pendant des années, sont devenues presque lisses, en gardant seulement la suggestion de leurs nervures. »

L’artiste fait résonner ces petits riens, ces gestes anodins et ordinaires de sa grand-mère en les réincarnant avec esthétique.

Pour évoquer la texture du fruit mémoriel, il reconstitue un support à la fois rugueux et lisse ;un champ où la profondeur se creuse entre surfaces râpées et douces, décapées comme un palimpseste. Car la lettre et le signe sont toujours présents dans l’œuvre de Catalin Guguianu. La majuscule « P » première lettre de « Pîrleazu’ » qui signifie littéralement « l’échalier » en roumain côtoie les marques d’élevages des taureaux de combat. La cohabitation de ces empreintes référentes fait écho au vocabulaire formel de l’artiste ; un discours esthétiquerépété et récurrent dans ses autres séries et installations.

Les traces narratives et identifiables sont mises en tension face à la question de la perte des repères, renforcée par la dominante abstraite de la série.

Le support plane est envisagé en triptyque horizontal sur carton au format raisin. Gouache, feutres et stickers dialoguent avec les lettres insérées en relief. Dans cette confrontation de matières, de fragments, de signes, de nuances et d’ombres, l’œuvre transcrit son caractère brutdu suggéré au plus nommé.

Sous la superposition d’aplats, de traits et de références, le dispositif de création reste visible.L’indice de chaque élément composite se découvre par une perception sensorielle plurielle ; une lecture visuelle et tactile à la fois.

L’artiste renvoie à l’idée de participation dans laquelle le spectateur fait exister l’œuvre par l’œil et le doigt. Un détail, un dégradé un relief… Toutes ces différences invisibles au premier regard génèrent une toute autre attention par le toucher.

« C’est destiné aux personnes atteintes de cécité comme ma grand-mère, qui pourront sur la surface faciliter leur lecture de façon instantanée. »

Le champ des possibles souvre. La composition sculptée permet de tout tenter, de voir autrement. Un simple geste ténu, une caresse de la main dévie l’ordonnancement du réel et incite à le reconsidérer. Ce plongeon au cœur de la matière fait remonter les émotions et les souvenirs.

Catalin Guguianu explore ici le potentiel de la matière comme moyen d’expression et de réception. Dans les méandres du souvenir, recueillant les gestes oubliés, réveillant les mémoires tues, il trace poétiquement des correspondantes entre la coque des noix et les surfaces palpables de l’œuvre. Avec cette manière de sublimer la complexité des affects, l’attention du regard, de l’esprit et du corps sont mis à l’épreuve pour participer à cette utile visibilité de l’œuvre.

Canoline Critiks.